Meilleur marché en ville de Fribourg

Selon une étude de Credit Suisse, la différence de tarification des crèches est forte dans le canton

Etude Quand on est jeunes parents, mieux vaut habiter à Fribourg qu’à Bulle – ou pire encore à Morat. En tout cas si l’on souhaite placer ses enfants en crèche. En effet, les tarifs de la garde extrafamiliale sont en moyenne bien plus avantageux dans la capitale cantonale – et de manière générale dans le district de la Sarine – que dans le reste du canton. Tel est le constat d’une étude de Credit Suisse, diffusée hier à la presse. Sur le plan national, Genève et Neuchâtel sont les endroits les moins chers, tandis que Bâle-Campagne, Zurich et Soleure sont les plus onéreux.

«Dans ce domaine, la ville de Fribourg figure en bonne place au niveau helvétique. Pour les gens qui y vivent, c’est intéressant», souligne Emilie Gachet, économiste chez Credit Suisse.

Dans 194 communes

Pour aboutir à ces résultats, la grande banque a comparé le coût des crèches, pour le budget familial, dans 194 communes de Suisse, dont toutes celles de plus de 15 000 habitants, tous les chefs-lieux cantonaux et au moins une commune par district, généralement la plus peuplée. En pays fribourgeois, l’analyse porte sur Estavayer, Romont, Bulle, Fribourg, Morat, Guin, Tavel et Châtel-Saint-Denis. Les économistes ont passé au crible les tarifs selon les revenus, en prenant le cas d’un couple marié avec deux enfants fréquentant une infrastructure d’accueil deux jours par semaine.

Si le ménage perçoit un revenu brut de 110 000 francs – soit environ le salaire brut médian suisse pour un taux d’occupation cumulé de 140% – et dispose d’une fortune de 100 000 francs, la facture annuelle se monte à 5800 francs pour les parents qui résident à Fribourg, contre 7900 francs à Châtel-Saint-Denis, 9400 francs à Tavel, 11 100 francs à Estavayer, 11 200 francs à Romont, 15 300 francs à Bulle, 17 100 francs à Guin et 19 800 francs à Morat. A titre comparatif, au niveau national, les communes les plus attractives sont Wollerau (SZ) et Mendrisio (TI), avec 4700 francs environ, tandis qu’à Wetzikon (ZH), l’ardoise atteint 24 200 francs.

Ecart substantiel

Attention, toutefois. Dans le canton de Fribourg, l’étude présente une légère distorsion. A la suite de l’entrée en vigueur de la réforme de la fiscalité des entreprises, l’Etat a mis de l’argent à disposition pour alléger les charges des parents (il s’agit de l’une des mesures de compensation prévues par le projet). Or les crèches ont jusqu’au mois d’août pour adapter leurs tarifs, et toutes ne les ont pas encore mis à jour. «En ville de Fribourg, nous avons considéré les nouveaux prix, parce qu’ils sont connus. Mais il y a des structures d’accueil qui ne les appliquent pas encore. Cela peut expliquer en partie certaines différences», fait remarquer Emilie Gachet.

Toutefois, ce biais méthodologique ne suffit pas à expliquer l’écart substantiel existant entre la capitale cantonale et les autres localités fribourgeoises considérées dans l’étude. «Le subventionnement des crèches est du ressort des communes. Or il existe de grandes différences en la matière selon les districts. La ville de Fribourg – et globalement la Sarine – offre un large soutien aux infrastructures d’accueil extrafamilial. C’est moins le cas ailleurs», note Marie Girard, secrétaire générale de la Fédération des crèches et garderies fribourgeoises. Elle ne se dit pas étonnée par le constat de l’étude de Credit Suisse. «Les solutions de garde diffèrent selon que les parents vivent en ville ou à la campagne. Dans les régions rurales, et en particulier outre-Sarine, il semble qu’on confie avant tout les enfants à la famille ou aux mamans de jour», poursuit-elle.

Du côté de l’Etat de Fribourg, on n’est guère surpris non plus. «Nous avions connaissance des différences de tarifs. Le prix coûtant d’une structure dépend des charges nettes et des heures de prises en charge, lesquelles ne sont pas partout les mêmes», relève Claudia Lauper, secrétaire générale de la Direction de la santé et des affaires sociales. Selon elle, les crèches plus anciennes ont en principe moins de dépenses courantes. Les subventions des communes doivent ensuite permettre d’introduire un tarif dégressif selon le revenu des parents. Celui-ci doit s’inscrire dans une grille de référence cantonale. Or «la politique de subventionnement de la ville de Fribourg assure des tarifs financièrement accessibles aux parents. Il s’agit d’une décision de la commune. Et la majorité des crèches se trouve là depuis un certain nombre d’années. Leurs charges sont effectivement moins élevées que celles d’une nouvelle structure», ajoute-t-elle.

«Impact important»

Selon Credit Suisse, alors que plus de quatre mères sur cinq et plus de 95% des pères sont actifs sur le marché du travail, près de 40% des ménages helvétiques ayant des enfants de moins de 12 ans recourent à une solution de garde institutionnelle. Or la politique de subventionnement des collectivités publiques varie beaucoup d’un endroit à l’autre – dans certaines régions alémaniques, elle est même inexistante. Conséquence: «Les coûts de l’accueil extrafamilial ont un impact important sur le budget du ménage, même lorsqu’il y a des subventions», conclut Emilie Gachet.