«J’aimerais m’amuser sur un ring»

Demain, à Forum Fribourg, Benoît Huber affrontera Seid Dzemaili pour le titre national des lourds légers

Boxe  Demain, les fans de boxe ont rendez-vous à Forum Fribourg. Ils vont y découvrir un sacré puncheur avec Benoît Huber, le géant valaisan à la morphologie taillée pour la boxe avec ses 1m97 et ses 91 kg. Mais Huber, ce n’est pas qu’un simple boxeur. C’est un idéaliste qui avoue volontiers se mettre en difficulté pour mieux savourer ses victoires. Nous l’avons rencontré dans la salle du BC Octodure, tout près de la gare, à Martigny.

Quand la boxe est-elle entrée dans votre vie?

Benoît Huber: Je devais avoir une dizaine d’années. On n’avait pas de télévision à la maison et c’est en regardant les films de Rocky que j’ai découvert la boxe. Ce n’est pas plus compliqué que ça. En voyant Rocky monter sur le ring, j’avais les frissons.

L’entraînement, les combats, c’est venu plus tard?

A 16 ans, au collège à Sion, il y avait une petite affiche qui nous invitait à rejoindre le club local. C’était la bonne occasion, car j’avais toujours rêvé de boxer. J’ai toujours aimé la confrontation. Je ne suis pas un bagarreur mais si je devais me défendre, j’adorais ça.

Votre ascension a été très rapide?

Au début, à la salle, l’entraîneur favorisait d’autres boxeurs, peut-être parce que je n’avais pas vraiment l’allure d’un boxeur ou alors il ne croyait pas forcément en moi. Je voulais gagner et j’ai été frustré d’être dominé dans des sparrings. Je me suis dit qu’il me fallait oublier mes erreurs de jeunesse, faire des sacrifices et des efforts réguliers.

Après seulement huit mois d’entraînement, vous étiez déjà champion de Suisse des juniors?

Ce premier titre est en effet venu assez vite. Et deux ans après, j’obtenais mon premier titre dans l’élite. J’étais assez fier de moi, car même si j’avais gagné mes 15 premiers combats, j’avais en face de moi des adversaires plus expérimentés. Là, j’ai compris ce que pouvait être le stress...

Au fait, cette force, ce punch, 
est-ce un don inné?

J’ai naturellement de la force. Je la tiens surtout de ma mère mais aussi de mon père bien sûr. Leur histoire a commencé sur une piste d’athlétisme quand mon père a devancé ma mère… Cette force, il faut savoir la transformer dans la boxe avec des coups justes. Je n’ai jamais fait de musculation. Ma passion m’a aidé sans doute à me construire car je ne me pose pas la question de savoir ce que la boxe m’apporte. Elle fait partie de moi. Sans elle, je ne suis pas moi-même.

Revenons à votre carrière. Encore deux titres de champion de Suisse amateur et ensuite 
une coupure?

Mes objectifs auraient pu être de participer aux Jeux olympiques ou aux championnats du monde. C’est compliqué en boxe mais je n’avais alors pas forcément le niveau, ni le savoir-faire autour de moi, ni les infrastructures, ni les sparrings.

C’est là que vous décidez 
de partir au Canada?

C’était en 2011. Je connaissais un entraîneur à Montréal et je voulais y aller pour percer dans la boxe. Mais je me suis fracturé la main en combattant un adversaire qui allait ensuite être champion du monde. Cette blessure m’a refroidi et je me suis dit que je ne pouvais pas faire une carrière comme ça.

Là, vous avez dévié vers d’autres sports, restant toutefois 
dans les sports de combats?

En 2016, je me suis mis au jujitsu, j’ai adoré. Et ensuite, j’ai même remporté le championnat d’Europe amateur en MMA, dans les cages. A noter que chez les amateurs, on n’a pas le droit de frapper un adversaire au sol.

Et ensuite, l’appel des poings, comme vous le dites, 
s’est à nouveau manifesté?

J’ai rejoint le club de Philippe Abate. J’ai conquis mes quatrième et cinquième titres de champion de Suisse. Encore une fois, c’était sympa mais je pensais qu’il me fallait laisser la place à d’autres. Surtout, mes adversaires faisaient tout pour m’éviter. Ce n’est pas des combattants, ça…

On évoque ci-contre votre 
carrière professionnelle, 
mais on aimerait aussi savoir 
d’où vient votre côté théâtral?

J’ai toujours aimé faire différemment des autres. La boxe est un spectacle et il faut donner des émotions au public, lui apporter un peu d’humour.

Mais bon, la vérité sur un ring, pour vous, c’est d’abord de mettre votre adversaire K.-O.?

C’est vrai, j’aime mettre K.-O. Mais ce qui me motive encore plus, c’est de réussir à reproduire en combat ce que je réussis à la salle. J’aimerais être relax, ne pas me prendre au sérieux. J’aimerais m’amuser sur un ring, même si ce n’est pas un sport où à première vue, on s’amuse. Je n’y arriverai pas, mais j’aimerais m’en approcher.

> La pesée des boxeurs aura lieu aujourd’hui dès 17 h au Casino Barrière. A noter que l’Argovien Ando Hakobyan (blessé) a été remplacé par le Tessinois Ricardo Silva.