Des tableaux pictogrammes devraient voir le jour cette année dans divers lieux publics du canton
Fribourg C’est un tableau magique! Même s’il n’a l’air de rien, comme ça, avec ses dessins a priori enfantins. Installé depuis quelques mois dans la cour du Home-Ecole romand (HER) de la Fondation des Buissonnets, à Fribourg, ce tableau de pictogrammes permet pourtant de communiquer. Ses images représentant une balançoire, un toboggan ou encore une balle servent à celles et ceux qui l’utilisent en les pointant de s’exprimer et d’échanger. Dans le langage technique, cela s’appelle la Communication alternative et améliorée (CAA, lire ci-après).
Ainsi, le petit Louis qui ne peut pas parler saura, en choisissant l’image idoine, expliquer à un camarade ou à un adulte qu’il a envie de jouer, qu’il est fatigué ou qu’il a soif, notamment. Le vocabulaire spécifique qui y figure est choisi en fonction du contexte auquel il s’applique. Mais pas seulement. Un vocabulaire de base, qui fonctionne dans toutes les situations, comme le besoin d’aide, les sentiments de colère ou de tristesse, en fait partie. «Il existe trois panneaux similaires dans la cour du HER», résume Stéphane Jullien, logopédiste au HER, qui a proposé ces tableaux lesquels ont été développés par l’équipe des logopédistes du HER.
Handicap répandu
De tels panneaux de pictogrammes devraient faire des petits prochainement dans certains lieux publics et communes du canton de Fribourg. Ils s’adressent aux personnes dites «non verbales», en situation de handicap de la communication, enfants ou adultes, qui présentent des déficiences diverses comme une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme, une trisomie 21, un trouble du développement du langage ou un trouble neurologique acquis. Ils peuvent également être employés par les personnes allophones. «Le handicap de la communication affecte une proportion significative de la population», note le logopédiste.
Objectif premier: améliorer l’inclusion, la participation sociale et l’autodétermination des personnes en situation de handicap de la communication. Le concept a, en effet, reçu le feu vert et le soutien financier du Service de la prévoyance sociale de la Direction de la santé et des affaires sociales. Divers organismes comme Pro Infirmis Fribourg ou encore le Service de l’enseignement spécialisé et des mesures d’aide (SESAM) du canton de Fribourg soutiennent également ce projet.
Ces panneaux devraient être installés dans les lieux publics, comme des places de jeux, des lieux culturels, à l’instar de musées ou bibliothèques, et des infrastructures sportives, qui feraient part de leur intérêt auprès de la Commission romande d’ISAAC Francophone que Stéphane Jullien a constituée et dont il est chargé. Une mission que le logopédiste remplira cette année en prenant contact avec ces éventuels partenaires.
Les installations de ces panneaux s’accompagneront de formations quant à leur utilisation et d’une sensibilisation de la société civile à propos de la CAA par le biais de codes QR permettant d’accéder à davantage d’informations. Des formations pourront en outre être proposées aux personnes chargées des lieux publics. Chaque panneau sera ainsi réalisé avec le vocabulaire correspondant à l’activité du lieu, afin que les tableaux soient fonctionnels pour les utilisateurs. «Dans les lieux culturels, ces tableaux permettent au personnel responsable de l’accueil de se faire comprendre auprès de ces personnes, enfants et adultes, en rendant les informations qui leur sont données accessibles à leur compréhension. Les utilisateurs de tels outils sont donc les personnes en situation de handicap de la communication et leurs partenaires de communication», tient à préciser Stéphane Jullien.
Déjà à l’étranger
Une démarche qui n’est pas nouvelle puisque le concept est déjà utilisé depuis plusieurs années à l’étranger, dans des pays anglophones. La création des tableaux, leur impression et leur installation sont financées par le soutien du Service de la prévoyance sociale du canton de Fribourg qui a accordé un montant de 10 000 francs. «Le coût de l’installation des panneaux varie en fonction du type de tableau, sur pied en extérieur ou accroché sur un mur à l’intérieur», indique Stéphane Jullien.
Le nombre de tableaux évoluera en fonction des différentes situations. L’aide des communes, pour l’installation, et le soutien des lieux publics intéressés par le projet pourraient aider à réaliser davantage de tableaux. «Des aides supplémentaires seront recherchées et sont les bienvenues.» Les tableaux, une dizaine en fonction des besoins et demandes, devraient être élaborés et installés durant cette année.