Des perles soigneusement fignolées

Etienne Crausaz publie un disque de pièces chorales, chantées par l’ensemble vocal Emocio

Le compositeur Etienne Crausaz a beaucoup écrit pour ensembles à vent avant de se consacrer aux voix.

Chant  Les voix féminines sont subtilement posées sur les délicates arabesques boisées de l’orgue. La Missa Media Nocte (Messe de minuit) d’Etienne Crausaz déroule ses phrases lumineuses et calmes dans le Kyrie introductif, rejoint par les voix d’hommes. Avant que l’ensemble vocal Emocio en tutti révèle une splendide polyphonie aux accents glorieux. Cette messe de Noël, mais aussi la Missa Ibi Gaudium Est ainsi que d’autres œuvres sacrées et profanes du compositeur fribourgeois paraissent sur le disque Laudate Dominum consacré à ses œuvres chorales.

«C’est une petite vanité personnelle, sourit Etienne Crausaz, pour laisser une trace de ces pièces et surtout partager ce répertoire.» Le compositeur a imaginé ce disque grâce à son amitié avec le chef Stéphane Mooser, qu’il a connu lors de leurs premiers cours de direction. Ils sont tous deux instrumentistes (tuba pour l’un, cor pour l’autre) et ont œuvré ensemble au sein de l’Orchestre de chambre fribourgeois. Leur amour des voix a fait le reste. «Ça s’est fait comme ça, il était partant.»

Pour les chœurs et les chefs intéressés par sa musique, un disque est aussi «une vitrine de présentation, un support sonore auquel se référer», apprécie Etienne Crausaz. Ainsi la Missa Ibi Gaudium Est, fervente et intense, accompagnée par le jeu enveloppant de l’organiste Vincent Perrenoud sur l’instrument de l’église de Villars-sur-Glâne, est accessible à des chœurs de Céciliennes.

Une grande douceur

Le Laudate Dominum en ­revanche exploite les 12 voix solistes de l’ensemble vocal Emocio: harmonies contemporaines, jeux de timbres, jeux rythmiques qui nécessitent une grande précision, voilà une œuvre pointue (mais jamais démonstrative), même pour des chanteurs aguerris. Trois prières, Ave Maria, Ave Verum Corpus et Ave Maris Stella ­précèdent la Messe de minuit dans l’enregistrement. Leur forme reste tonale et est également adaptée aux offices, même si elles tendent volontiers vers des harmonies modernes. Une grande douceur émane de ces pages sensibles et inspirées.

Les magnifiques qualités vocales de l’ensemble dirigé par Stéphane Mooser font merveille aussi dans le répertoire de chants profanes a cappella. Le disque s’écoute ainsi volontiers pour le bonheur d’entendre des perles soigneusement fignolées, sur le plan de l’écriture musicale aussi bien que de celle des paroles (Nicolas Bussard et Jacques Doutaz savent trousser des textes ludiques, dansants et porteurs de sens).

Dans ce répertoire, Etienne Crausaz ne cache pas son origine. La beauté des lignes mélodiques doit beaucoup à la tradition chorale fribourgeoise, même si le compositeur la revisite et lui donne une signature propre. La simplicité reste son maître mot. Toutes les pièces ont des dédicataires et ont été créées par des chœurs du canton. Il y a là un splendide Vitrail glânois et plus précisément romontois, façonné pour la Fête fribourgeoise de chant de 2011, de savoureux et indémodables Desserts et Tentations ainsi que la tarentelle sautillante Spaghetti e tutte le Paste, composés pour le 90e anniversaire du Chœur mixte de Chapelle-Gillarens, un nostalgique hommage sous forme de Refrain pour Maman. La Désalpe (et la Bénichon) a aussi son arrêt sur image, tandis que le disque se termine sur l’épatant Tsafiru, en patois, tricoté autour des flammes endiablées de l’orgue de Vincent Perrenoud.

Laudate Dominum, Musique chorale d’Etienne Crausaz, 
à commander 
via la page www.etienne-crausaz.ch