Vélo électrique: rouler ampère peinard

Selon les témoignages et les études, le moteur permettrait aux cyclistes de garder la forme

Entraînement Patrick, 51 ans, dix ans de VTT, deux ans de vélo électrique et une surprise: la forme ne disparaît pas avec le moteur. «J’ai acheté un VTT électrique à la fin de l’année 2018, raconte-t-il. En 2019, je n’ai pratiquement roulé qu’en électrique, mais j’ai participé à plusieurs courses régionales – comme la Bergibike ou l’Elsabike – sur mon vélo musculaire et je me suis aperçu que je n’avais rien perdu, au contraire!»

Patrick roule sur un VTT électrique tout-suspendu, batterie de 500 watts, roues de 29 pouces, poids de 23 kilos. «Je ne sais pas pourquoi ma forme ne baisse pas avec le vélo électrique, mais j’ai quelques constatations. Avec le vélo électrique, je vais beaucoup moins haut dans les pulsations. Sur mon vélo musculaire, quand je termine un tour, j’ai souvent une moyenne de 145-150 pulsations par minute. Avec l’électrique, je suis plutôt à 128. Grâce au vélo électrique, je peux faire de longues sorties, d’environ deux heures, deux heures et demie, avec 1800 m de montée, sans aller dans le rouge.»

Surtout en mode «éco»

Il faut peut-être chercher une réponse dans l’usage que fait Patrick de l’assistance électrique: «Je fais l’essentiel de mes sorties en mode «éco», c’est-à-dire sur la puissance la plus basse. Je ne mets les autres modes d’assistance, que dans certains passages raides. Lorsque je suis en descente, ou même sur du plat, je coupe le moteur.» La majeure partie de l’effort est donc produite par l’ancestrale machinerie musculaire.

Il dit qu’il est venu au vélo électrique «à cause de l’âge»: «J’avais testé deux ou trois fois un vélo électrique et j’ai trouvé les sensations grisantes: au lieu de grimper la Chia à 6 ou 7 km/h, j’étais 10-15 km/h», se souvient Patrick.

94% de la fréquence max

Longtemps ignoré, puis méprisé, le VTT électrique apporte aujourd’hui les preuves de ses bienfaits: plusieurs études ont montré que même avec un moteur, le vélo assisté reste une activité physique. En mai 2017, une étude de l’Université de Bâle a observé 32 volontaires en surpoids (indice de masse corporelle de 29 en moyenne). Le groupe a été divisé en deux: pour se rendre à son travail, ce qui correspondait à 6 km par jour, une partie devait se déplacer à vélo ordinaire, l’autre à vélo électrique. Après quatre semaines, les sujets se sont prêtés à un test de condition physique: dans les deux groupes, la consommation d’oxygène (VO2max) avait augmenté, avec un léger avantage pour… le groupe du vélo électrique (+3,6 ml/kg-min contre +2,2). Conclusion des chercheurs: «Les e-bikes peuvent avoir le potentiel d’augmenter le fitness cardiorespiratoire au même titre que les vélos conventionnels.» Selon cette étude, les utilisateurs du vélo électrique l’emploient plus souvent, à des vitesses plus hautes et sur des dénivellations plus importantes. Ce qui compense l’apport du moteur.

Plus récemment, une étude de la Brigham Young University, parue en novembre 2019 dans le Journal of Medical Internet Research, a demandé à des vététistes amateurs de parcourir deux fois la même boucle (8,85 km), une fois à vélo musculaire, une fois à vélo électrique. La différence d’activité cardiaque est minime: sur le vélo électrique, la fréquence cardiaque atteignait les 94% de la fréquence cardiaque sur le vélo traditionnel. Mais lorsqu’on demandait aux vététistes de comparer leurs sensations, ils avaient l’impression d’un effort beaucoup moins intense sur le vélo électrique. Pourtant, selon les scientifiques, il s’agit dans les deux cas d’une activité d’«intensité vigoureuse». Ils concluent: «L’utilisation de l’e-bike semble être une excellente forme d’exercice d’aérobie ou cardiovasculaire, même pour les vététistes expérimentés qui pratiquent régulièrement cette activité.»

«Pas paresseux»

Prêchant pour sa paroisse, un développeur de la firme Specialized chante les vertus du vélo électrique: «Il ne s’agit pas d’être paresseux sur un vélo, il s’agit d’aller vite. Toute ma forme physique – et je suis assez en forme en ce moment – vient de la pratique du vélo électrique. Mon rythme cardiaque est aussi élevé que lorsque je roule sur un vélo standard, mais je vais plus vite. Je roule donc plus. Je roule toujours deux heures, mais je couvre maintenant plus de kilomètres», constate Marco Sondregger.

Patrick n’a pas attendu le verdict de la science ni les arguments de l’industrie pour se mettre au VTT électrique. Il dit: «Je conseillerais le vélo électrique à tous les vététistes vieillissants, sauf aux anciens compétiteurs, qui aiment se faire mal.» Masochistes, le VTT électrique n’est pas pour vous!