La cuisine pour soigner ses maux

Emmanuelle Turquet a fondé Cuisine Thérapie pour aider les personnes à exprimer leurs émotions

Dans les séances de Cuisine Thérapie, il n’y a ni chef, ni élève, ni obsession pour le résultat ou injonction diététique.

Thérapie On prête depuis toujours de nombreuses vertus à la cuisine. Si sa fonction première est bien sûr de nourrir, elle est aussi un élément rassembleur – que l’on soit en famille ou entre amis –, donne du plaisir et peut parfois aider à mieux supporter un traitement médical. La cuisine pourrait également nous aider à nous exprimer, nous lancer dans une démarche d’introspection et nous libérer de certains maux ancrés au plus profond de nous-même. C’est en tout cas ce que défend Emmanuelle Turquet, fondatrice de Cuisine Thérapie. A travers des séances individuelles ou collectives, la cuisine «permet d’oser faire différemment, de décrypter ses croyances et ses modes de fonctionnement, de dépasser des blocages ou des résistances et de s’émanciper de ce qui ne fait pas ou plus sens pour soi», assure Emmanuelle Turquet.

Avant de créer Cuisine Thérapie en 2015, Emmanuelle Turquet a été formée à l’art-thérapie, soit l’accompagnement de personnes en difficulté – physique, psychologique, sociale ou existentielle – à travers des productions artistiques comme la peinture, la musique, le théâtre, la littérature ou même la danse. A cela, elle a souhaité ajouter la cuisine et les aliments, qui peuvent être utilisés «comme une palette de couleurs».

Créer avec son instinct

«L’idée, c’est d’utiliser la cuisine comme médiateur de développement personnel. Pour cela, on laisse de côté les recettes et l’envie de rendre une assiette parfaite. Chacun s’exprime comme il le souhaite, à travers les textures et les couleurs. C’est un détour par l’improvisation culinaire pour se reconnecter à soi, décrypter ses émotions et réajuster, au besoin, ses modes de fonctionnement.» Dans les séances de Cuisine Thérapie, il n’y a ni chef, ni élève, ni obsession pour le résultat ou injonction diététique. Le but est de créer avec son instinct, comme on le ferait avec toute autre œuvre d’art, et «pas forcément de manger même si on le fait dans 90% des cas».

Concrètement, comment cela se passe-t-il? Chaque séance dure d’une heure et demie à 3 heures. Pendant ce laps de temps, les participants expliquent pourquoi ils sont là et ce qu’ils cherchent. «Tout cela n’est pas toujours très clair au démarrage, mais au cours de la séance ils arrivent de plus en plus à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent.»

Au cours de l’atelier, Emmanuelle Turquet propose généralement deux improvisations culinaires de 10 à 20 minutes. «Ce qui est intéressant, c’est de mettre des mots sur ce qu’on a créé et d’expliquer ce qu’il s’est passé dans notre esprit», assure-t-elle.

Pour qui?

«La Cuisine Thérapie se destine à plusieurs publics», explique Emmanuelle Turquet. «Il y a tout d’abord le grand public, qui peut venir en séance individuelle ou collective, pour travailler autour du développement personnel et de la confiance en soi. Il peut s’agir de personnes qui traversent des périodes difficiles, comme un décès ou un divorce, de personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire ou même d’autres qui ont du mal avec le lâcher-prise et qui souhaitent apprendre à sortir des sentiers battus. Dans ces cas spécifiques, les ateliers viennent en complément d’une vraie thérapie.» Si plusieurs séances sont parfois nécessaires pour se découvrir, certains participants ont un déclic dès le premier atelier et ne reviennent pas. La Cuisine Thérapie peut aussi se pratiquer auprès d’un public spécifique, comme dans les maisons de retraite, les foyers d’accueil pour toxicomanes ou auprès d’enfants en difficulté.

Enfin, Emmanuelle Turquet dispense également des ateliers au sein d’entreprises sous la marque Papilles Connectives. Grâce à l’improvisation culinaire, les équipes apprennent à mieux se connaître et des personnalités se dévoilent. «Cela permet d’expérimenter l’agilité et l’intelligence collective de façon décalée. Les transpositions avec l’environnement professionnel invitent ensuite à décrypter les modes de fonctionnement afin d’ajuster les comportements individuels comme collectifs.»