Cyclisme L Quand Léa Stern décroche le téléphone, elle indique se trouver entre deux rendez-vous médicaux, dans le Jura. «J’y suis pour trois jours, afin de poursuivre le protocole pour guérir d’une commotion contractée dans le passé. J’aimerais la soigner définitivement.» Ceci, afin de partir sur de nouvelles bases, plus saines. «Je ne veux plus rien précipiter», annonce d’emblée la Bulloise de 22 ans.
Propulsée sur les plus grandes courses du monde moins de deux ans après ses débuts – ô combien prometteurs – dans le cyclisme, Léa Stern a appris et sait désormais exactement ce qui lui manque pour retrouver le devant de la scène: l’expérience.
Celle-ci même qui lui avait fait défaut, en 2022, saison que la Gruérienne disputait sous les couleurs de Roland Cogeas Edelweiss Squad. «Je venais de nulle part et je suis passée professionnelle, à disputer des courses de World Tour, ce n’était pas logique.» Surdouée tant physiquement que mentalement, la Gruérienne manquait de bagage, en termes de gestion et de technique, surtout, pour «frotter» au sein du peloton professionnel.
Pas en retrait «Avant de repasser chez les pros, j’aimerais encore gagner en puissance et m’améliorer techniquement.
Je ne veux pas revenir en ayant peur de frotter, à traîner en fin de peloton. Mon objectif, c’est de disputer de plus en plus de courses de niveau professionnel, mais avec mon statut amateur. La saison de cyclocross devrait aussi m’aider à devenir plus agile sur le vélo.» Si la Fribourgeoise se consacre toujours à son sport, c’est ce fameux statut qui a changé au terme de la saison 2022.
Après avoir disputé les épreuves les plus prestigieuses (Strade bianche, Tour des Flandres, Flèche wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Romandie) en devant se résoudre trop souvent à l’abandon, la jeune cyclistea effectué un premier pas en retrait en 2023 pour signer au sein d’une équipe continentale (Team Grand Est - Komugi - La Fabrique), avant de rejoindre une formation plus petite encore, Lyon Sprint Evolution, pour 2024. «La saison dernière avait été compliquée, le directeur sportif de l’équipe n’avait pas eu son mot à dire concernant mon arrivée et me le faisait sentir. Je me sentais de trop.»
Dans ces conditions, changer d’air s’est avéré bénéfique. La Gruérienne dispute certainement sa saison la plus aboutie, à jouer les avantrôles plus souvent qu’à son tour.
«Oui, ça se passe bien, sourit-elle dans le combiné. Je sens que j’ai passé un cap depuis ma victoire à Gippingen.» Le 8 juin, sur une course nationale, en l’occurrence. Une semaine avant de décrocher un 2 e rang sur une épreuve de même catégorie à Thoune. «Et puis lors des championnats de Suisse, j’ai terminé 4 e du contre-la-montre et 8 e de la course en ligne. La preuve que j’ai ma place avec les plus fortes.» En Belgique, elle obtiendra une nouvelle place d’honneur (2 e ) à Scheldewindeke le 10 juillet avant de jouer le maillot jaune (2 e ) sur le Tour de Charente-Maritime et enfin, de décrocher une énième place de Poulidor en terres bâloises, le 11 août en course nationale.
Un ensemble de résultats qui légitime sa position de prétendante àune place au sein de l’équipe nationale, sur le prochain Tour de Romandie (6-8 septembre). «Je n’obtiendrai une réponse qu’au dernier moment. Physiquement, j’ai le sentiment d’être au-dessus de la plupart de mes concurrentes, que j’ai récemment battues sur des courses nationales.
Après, c’était déjà le cas en juin pour le Tour de Suisse et je n’avais pas été sélectionnée, donc à voir.» Au GP du Gibloux Afin de convaincre les responsables de l’équipe, Léa Stern continuera à s’illustrer «en solitaire» et à se montrer lors de chaque occasion. Septième du GP de Lucerne dimanche, elle a récupéré le maillot jaune de la Coupe de Suisse. Ce mercredi soir, le GP du Gibloux, 5 e étape du Tour du canton, lui permettra de «prendre le rythme, puisqu’on court avec les hommes» et de signer un nouveau résultat de référence. Puis, plus important, le contre-la-montre national «Roland Bouge!» organisé sur ses routes d’entraînement (autour de Saint-Martin) le 1 er septembre, peut s’avérer décisif pour la suite de sa carrière. «J’aimerais décrocher un top 10», indique-t-elle. Puis, sur son futur: «J’ai faim de revivre les expériences du monde professionnel. J’ai eu quelques contacts avec des équipes, mais je ne pense pas signer pour 2025 déjà. Je ne veux pas redevenir une pro «au rabais». J’aimerais vraiment être prête à affronter les meilleures du monde. Une année supplémentaire chez les amateurs me permettra d’acquérir encore l’expérience qu’il me manque.» A bientôt 23 ans, Léa Stern a encore le temps pour s’imposer au plus haut niveau, dans ce monde encore relativement jeune qu’est le cyclisme féminin. Et quoi qu’il arrive, elle se gardera bien de se précipiter. Ce n’est plus son genre. L AU PROGRAMME GP du Gibloux, ce mercredi à Farvagny-le-Grand.
Cinquième étape du Tour du canton de Fribourg.
Hommes et femmes (63,7 km, 1190 m de d+, départ à 18 h 30). Ecoliers et écolières (27,3 km, 510 m de d+ départ à 18 h 35).