Progression
Appuyé contre une barrière, juste après la ligne d’arrivée des championnats de Suisse à Echallens, Maxime L’Homme (21 ans) est plébiscité. Les félicitations et les tapes amicales sont nombreuses. Sa deuxième place décrochée dans la catégorie U23 fait la joie de son entourage. Pour commenter son exploit, le Gruérien tapote son casque, il parle tactique et mental. «J’avais de super jambes, mais il fallait être malin. Ça s’est joué au bluff», lâche le pilote de Vuadens, qui a usé les nerfs de Luke Wiedmann, vice-champion d’Europe en titre.
Venu à Echallens avec des intentions claires – «Tu pars en visant au moins une médaille», avoue-t-il, le Gruérien avait «à cœur de bien faire». «Dans la hiérarchie, je suis le 4 e Suisse, donc je m’élançais sans pression», analyse-t-il. «Déconcentré et un peu perturbé» par la rapide chute de son ami et ancien coéquipier Dario Lillo (8 e au final), L’Homme a gardé la lucidité pour suivre les meilleurs, bien décidés à «profiter» de cet accroc pour distancer un sérieux concurrent dans la course au titre.
Intense mano a mano
Un temps dans la roue de Finn Teudler, au-dessus du lot dimanche dans le Gros-de-Vaud, le Vuadensois a dû se résoudre à laisser partir le Zurichois après une énième attaque du futur champion. La fin de matinée s’est alors vite résumée en un mano a mano entre L’Homme et Wiedmann. «Il voulait le titre, c’était à lui de rouler. Je pouvais jouer avec lui», explique L’Homme, qui ne s’est pas gêné d’exploiter sa position d’outsider. Dans le dernier tour, Wiedmann, pourtant meilleur au sprint, a tenté de décrocher L’Homme, qui l’a… contré pour aller décrocher, seul, la médaille d’argent. «J’ai dû m’arracher jusqu’au bout. Il fallait de grosses cuisses pour finir», souffle-t-il.
Comblé, tant par le scénario que par le résultat, le Gruérien ne boude pas son plaisir: «Toutau long de la saison, je joue les accessits. Pour cela, je roule tout le temps à bloc. Cela fait du bien d’avoir une course tactique. Et d’être performant dans ce format!» A sa descente du podium, tranquillement assis sous la tente de son équipe, le vicechampion de Suisse parle aussi d’«un gros soulagement». «J’ai eu des problèmes de dos en début de saison, dévoile-t-il. Il a fallu revoir ma position sur le vélo. Les douleurs ont disparu. J’ai réussi quelques bonnes perf en Coupe du monde, mais je n’ai pas obtenu les résultats espérés…»
Avenir incertain
Avec une 14 e place comme meilleur rang sur une Coupe du monde, à la mi-juin à Val di Sole, le Gruérien entend profiter de la fin de la saison pour franchir un pas supplémentaire. «J’ai tendance à monter en puissance au fil des mois. J’espère que ce sera à nouveau le cas», poursuit Maxime L’Homme, le moral regonflé à bloc. «Cette médaille me donne un boost de confiance. Je suis sur le podium avec des coureurs qui le sont aussi sur les Coupes du monde», rappelle-t-il.
Que ce soit aux championnats du monde à Andorre à la fin de l’été ou lors des Coupes du monde aux Etats-Unis et au Canada durant l’automne, le Vuadensois espère concrétiser. «Il faut une fois la mettre au fond», sourit Maxime L’Homme, dont l’avenir s’écrit encore en pointillé. Alexandre Moos, le directeur de l’équipe BMC, n’a pas pu confirmer que la formation suisse aurait encore des coureurs U23 la saison prochaine. «C’est compliqué dans l’industrie du cycle», avoue le Valaisan, sans pouvoir donner de réponse claire quant à l’avenir. Maxime L’Homme est parfaitement conscient de la situation. «Tout est ouvert. Je commence à regarder dans les autres équipes», avoue-t-il. La médaille d’argent, conquise de haute lutte dimanche à Echallens, lui donne un argument de plus dans ses recherches. «C’est vrai, ça ne peut qu’aider», sourit-il.
" Cela fait du bien d’avoir une course tactique. Et d’être performant dans ce format!"
Maxime L’Homme