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Investissement L L’Etat de Fribourg a confirmé jeudi de futures restrictions financières à cause d’un trou géant de 100 millions dans le budget. Le même jour, il a dévoilé son message à l’attention du Grand Conseil pour son nouveau projet de stockage devisé à 56 millions de francs. Est-ce bien compatible? Absolument, répond le Conseil d’Etat. Le futur centre de stockage interinstitutionnel cantonal (SIC) prévu à Givisiez «permettra justement d’économiser chaque année plus d’un million de francs de frais de location», a rappelé jeudi le ministre Jean-François Steiert (ps), en charge notamment des Infrastructures.
La halle géante, qui pourrait être fonctionnelle dès 2028 selon un calendrier optimiste, servira tout à la fois de bibliothèque, d’écrin pour les bijoux de famille, de garde-robe, de remise et grenier pour les biens patrimoniaux du canton. Le bâtiment en projet permettra de stocker plus de 6 millions d’objets en tous genres. Ce n’est pas un projet nouveau, tant s’en faut. «L’idée a germé il y a dix ans, alors que l’Etat de Fribourg était déjà dans un programme d’économie», a précisé la conseillère d’Etat Sylvie Bonvin- Sansonnens (verts), en charge des Affaires culturelles. «Nous nous retrouvons dans la même situation: il s’agit d’assurer la sauvegarde du patrimoine cantonal tout en rationalisant les coûts.» Deux essais ratés Le futur bâtiment du SIC est destiné à stocker le patrimoine de la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU), mais aussi de sept autres institutions: le Musée d’art et d’histoire, les archives de l’Etat, le Musée d’histoire naturelle, le Service archéologique, le Service des biens culturels, le château de Gruyères et le Vitromusée de Romont. «Les besoins de la BCU seront couverts pour une période de 40 ans et ceux des autres institutions pour 25 ans», affirme Philippe Trinchan, chef du Service cantonal de la culture. Quatre autres institutions souhaitent également en être locataires: les archives de la ville de Fribourg, le Musée de Charmey, le Musée gruérien à Bulle et le Musée suisse de la marionnette à Fribourg.
Le projet de stockage et de centralisation des biens de l’Etat a déjà essuyé deux échecs successifs.
Le Grand Conseil avait accepté en 2016 de dépenser 20 millions pour acheter le bâtiment de Schumacher SA à Schmitten et de le transformer en deux étapes, moyennant une dépense supplémentaire de 42 millions. Cette première mouture tombera à l’eau pour des raisons techniques. Nouvelle tentative en 2018, lorsque le Conseil d’Etat a envisagé d’acheter un terrain à Domdidier.
Mais la priorité sera donnée à l’entreprise Wago SA, qui souhaitait agrandir son unité de production avec plusieurs centaines d’emplois à la clé.
Le Conseil d’Etat espère que cette troisième tentative sera la bonne: «On ne pourra pas renvoyer indéfiniment cette sécurisation du patrimoine qui fait partie des tâches régaliennes de l’Etat», souligne Jean-François Steiert.
Calendrier ambitieux Ce projet aurait, à entendre les deux ministres, toutes les chances d’être enfin le bon. Le terrain, propriété de l’Etat, ne devrait pas réserver de mauvaises surprises puisque d’autres bâtiments y sont déjà présents, tel le bâtiment du Service de l’informatique et des télécommunications (Sitel).
Couvert de panneaux solaires, le nouveau bâtiment d’une emprise de 4600 m 2 au sol devrait assurer son autonomie énergétique.
Le Conseil d’Etat espère que le débat au Grand Conseil puisse avoir lieu pendant la session de septembre. Un référendum populaire pourrait être soumis à la population en février et le chantier de construction pourrait démarrer la même année pour un achèvement en 2027 et une mise en service complète l’année suivante. «Un calendrier assez ambitieux», reconnaissait jeudi Jean-François Steiert.
Le coût de construction du SIC est estimé à 62,8 millions de francs. La conception et la réalisation du bâtiment devraient se monter à 56,7 millions. Le crédit d’engagement sur la table du Grand Conseil prévoit également une réserve de 6,1 millions «pour les risques du chantier, les divers et les imprévus».
Subventions fédérales Le canton attend en outre des subventions fédérales estimées à 8,8 millions. «Après déduction de ces dernières, ainsi que des dépenses déjà effectuées pour les études préliminaires et des coûts à facturer séparément pour la préparation des objets et leur déménagement», le crédit demandé au Grand Conseil se monte à 56 millions de francs.
Comme cet investissement engage plus de 1% du total des dépenses de l’Etat, le peuple devra obligatoirement se prononcer. L
«Il s’agit d’assurer la sauvegarde du patrimoine cantonal tout en rationalisant les coûts» Sylvie Bonvin-Sansonnens