Immobilier L Une tour de 96 mètres de haut pourrait voir le jour à Givisiez. Si le projet reste à affiner, le Plan d’aménagement de détail (PAD) du quartier des Taconnets, mis à l’enquête vendredi, permet la réalisation d’un édifice d’un tel gabarit. Qui n’est pas anodin: il s’agirait de l’immeuble le plus élevé du canton. Le secteur, qui pourra à terme regrouper 850 habitants et 250 emplois, abritera également un nouveau cycle d’orientation, dont la construction est également à l’enquête. Si le calendrier est tenu, l’établissement conçu pour accueillir 800 élèves ouvrira à la rentrée scolaire d’août 2028.

Présenté vendredi aux médias, le projet de nouveau quartier est piloté par TPF Immo, la société immobilière des Transports publics fribourgeois (TPF), propriétaire de la quasitotalité de la zone. Cette friche, qui s’étend sur 33 000 m 2 , forme un trapèze délimité par la voie ferrée au nord, par la route de Belfaux à l’ouest et la route des Taconnets au sud. Les TPF entendent créer un pôle mêlant logements, activités et commerces, en reprenant leur concept de Velâdzo, développé à Bulle et Châtel-Saint-Denis.

Cathédrale détrônée

La tour est prévue au centre de la parcelle. Le PAD prévoit qu’elle pourra atteindre au maximum 96 mètres, soit environ 30 étages. A titre de comparaison, la tour Invictus, en cours de réalisation dans le quartier de Beaumont à Fribourg, mesurera 60 mètres de haut, alors que le sommet de la cathédrale Saint-Nicolas culmine à 74 mètres.

Les caractéristiques exactes de l’édifice de Givisiez seront précisées dès 2025 au cours d’une mise en concurrence de projets d’architecture. «L’objectif est de créer une identité forte pour le quartier. Cela permettra de faire de la place pour des espaces extérieurs et d’offrir une mixité de logements», expose Audric Blanc, responsable du développement immobilier aux TPF. La commune sera associée, en tant que membre du jury.

«Pour obtenir un résultat aussi excellent que possible», souligne Eric Mennel, syndic de Givisiez.

Halles à détruire

Actuellement, deux halles industrielles, vétustes mais occupées, se dressent dans le secteur.

Leur démolition est aussi à l’enquête. La réalisation de la zone centrale, qui abritera environ 300 habitants et 150 emplois, est prévue pour l’horizon 2030. Il en va de même pour la gare routière qui sera aménagée sur le site. Le développement du secteur ouest du quartier devrait intervenir dès 2035. Il faudra également composer avec un terrain partiellement contaminé au cuivre dans les années 1950. En 2019, une provision de 3,2 millions de francs avait été constituée par les TPF en vue de travaux de dépollution.

A la louche, les TPF estiment à 250 millions de francs la réalisation du projet immobilier et de la gare routière. Les activités immobilières du groupe doivent à terme générer des revenus qui seront investis dans la mobilité.

Or, pour l’heure, la rentabilité n’est pas atteinte. Après avoir lancé des chantiers colossaux à Bulle, Châtel-Saint-Denis et Estavayer-le-Lac, les TPF se disent prêts à remettre l’ouvrage sur le métier à Givisiez. «Aujourd’hui, nous avons un super taux d’occupation de nos centres.

Cela nous permet d’avoir foi en l’avenir. Nous allons procéder par étapes et développer ce projet en fonction de nos capacités financières et des capacités d’absorption du marché. Nous ne sommes pas des têtes brûlées», martèle Serge Collaud, directeur général des TPF, en évoquant la possibilité de faire appel à des coinvestisseurs tiers.

Un CO à 93 millions

Alors qu’aucune voiture ne circulera en surface, le quartier bénéficiera d’une bonne connexion aux transports publics.

La halte ferroviaire de Givisiez a déjà été déplacée dans le secteur, alors que la gare routière servira aux lignes de bus urbaines et régionales. Le chantier prévoit par ailleurs le rehaussement de la route des Taconnets, qui sera aménagée pour favoriser la mobilité douce.

Des espaces verts et de détente seront à disposition de toute la population de la commune.

Le cycle d’orientation, qui comprendra un bâtiment principal doté de 36 salles de classe et une halle de sport triple, sera érigé à l’est de la parcelle. Sa réalisation est désormais estimée à 93 millions de francs, un montant qui comprend l’achat du terrain, précise Lise-Marie Graden, préfète de la Sarine et présidente de l’Association du cycle d’orientation de la Sarine- Campagne et du Haut-Lac français.

Les communes devraient se prononcer sur un crédit d’ouvrage en avril 2025.

La commune de Givisiez compte 3200 habitants. «Avec le développement de ce quartier et d’autres projets, il est envisageable d’atteindre 5000 à 6000 habitants d’ici à 2035», estime son syndic. Le développement du secteur Taconnets est en gestation depuis une dizaine d’années.

En 2017, les TPF évoquaient la mise à l’enquête du PAD d’ici à début 2019 et un début des travaux pour l’horizon 2020-2021. Le Covid, des exigences liées aux phases d’enquête préalables, ainsi que la redéfinition de priorité d’investissement ont contribué à revoir le calendrier. L

«Nous ne sommes pas des têtes brûlées» Serge Collaud