Le fast-food, plus local qu’il n’y paraît
La plus célèbre enseigne de restauration rapide se fournit majoritairement auprès de producteurs suisses

Alimentation

 

Lorsqu’elles font leur apparition, généralement en périphérie d’un axe routier très fréquenté comme récemment à La Tour-de-Trême, les enseignes au M jaune ne suscitent pas toujours l’enthousiasme. Malgré une intense campagne axée sur les produits sains, couronnée en Suisse par l’abandon, en 2012, de son ancien logo rouge au profit d’un vert plus politiquement correct, la chaîne McDonald’s reste souvent associée à la nourriture industrielle. Dans la culture populaire, elle fait encore figure d’antithèse du manger sain et local. Mais qu’en est-il vraiment?

Renseignements pris auprès des représentants de la branche agricole, le géant du fast-food, qui revendique 84% de produits préparés avec des ingrédients de base provenant de producteurs suisses, est en réalité bien plus ancré dans le terroir que ce que l’on pourrait croire. La totalité de la farine utilisée pour la confection de ses pains à hamburgers est ainsi labellisée IP-Suisse, du nom de l’association regroupant plus de 20 000 agriculteurs adeptes de la production intégrée. «Une partie de la viande de bœuf provient en outre de bêtes labellisées chez nous», précise Jacques Demierre, gérant d’IP-Suisse pour la Romandie.

Opposition obsolète

«McDonald’s a une philosophie de consommation locale», ajoute-t-il, en mentionnant encore l’huile de colza parmi les produits labellisés que l’association écoule auprès de la chaîne de restauration rapide. «Nous sommes plutôt contents d’avoir un tel partenaire misant sur la production indigène», renchérit Fritz Glauser, président de l’Union des paysans fribourgeois (UPF). Le canton noir et blanc cultivant environ 10% du blé récolté en Suisse, il y a fort à parier qu’une partie des buns servis à La Tour-de-Trême et dans les six autres restaurants McDonald’s établis dans le canton de Fribourg a été élaborée à partir de céréales du cru.

Directeur de la Chambre fribourgeoise d’agriculture, Frédéric Ménétrey affirme lui aussi qu’opposer fast-food et production locale, comme on pouvait le faire il y a encore vingt ou trente ans, n’est plus à l’ordre du jour. La politique des enseignes spécialisées dans ce type de nourriture est évidemment différente d’un pays à l’autre, relativise-t-il. «En Suisse, le local est davantage mis en avant qu’en Russie par exemple.»

Il n’en reste pas moins vrai qu’en mangeant un Big Mac en Helvétie, on consomme majoritairement local. Ce qui n’est pas forcément le cas si l’on s’approvisionne chez certains

hard discounters

vendant du pain surgelé fabriqué en Europe centrale, explique en substance Frédéric Ménétrey.

Les éleveurs fribourgeois sont ainsi nombreux à vendre leurs bêtes sur les marchés surveillés où s’approvisionnent les fournisseurs de McDonald’s, en particulier la société Bell. Quant aux producteurs de pommes de terre, beaucoup livrent leurs tubercules à Cressier (NE), où est établie une filiale de la société Frigemo SA, produisant des frites pour le géant de la restauration rapide depuis 1976.

Systématiquement mise en avant dans la communication de l’enseigne au M jaune, la priorité accordée aux produits indigènes repose donc sur des pratiques bien réelles. «Nous collaborons avec IP-Suisse depuis 1999», confirme Béatrice Montserrat, porte-parole de McDonald’s. Depuis plus de trente ans, les pains servant à confectionner les burgers sont produits par la boulangerie Fortisa AG à Zuchwil (SO). «En 2014, nous avons acheté 3845 tonnes de blé, cultivé exclusivement selon les directives d’IP-Suisse», ajoute Béatrice Montserrat. En tout, ce sont plus de 10 000 agriculteurs suisses qui travaillent pour la célèbre enseigne de restauration rapide, complète la porte-parole.

Est-il prévu d’augmenter encore la part d’ingrédients helvétiques dans l’assortiment? «Voilà qui représenterait un défi!», répond Béatrice Montserrat, précisant que certaines denrées (poisson de mer ou café) ne peuvent objectivement pas être produites en Suisse. Et pourquoi la chaîne de fast-food ne se fournit-elle pas en volaille helvétique? «La production de poulet suisse ne couvre les besoins qu’à hauteur de 50% environ», justifie la porte-parole.

Pour ses nuggets, McDonald’s utilise ainsi du blanc de poulets élevés au sol en Bretagne ou en Hongrie. La viande est transformée par le groupe liechtensteinois Ospelt, qui possède une filière à Sargans (GR). «Nous exigeons le respect des standards suisses de protection des animaux sur le plan de l’alimentation et de la densité d’élevage. Depuis deux ans, ces mêmes normes s’appliquent aussi aux fournisseurs de viande de poulet en Hongrie», conclut Béatrice Montserrat.

84

En pour cent, 
la part des produits 
préparés avec des
ingrédients suisses

10 000

Les agriculteurs suisses qui travaillent pour

McDonald’s