Un Requiem allemand poignant et apaisé
critique
Le Requiem allemand de Brahms, c’est une vaste palette d’impressions et de couleurs vocales. Chant de consolation, c’est aussi un défi pour ses exécutants. Le Chœur de l’université et des jeunesses musicales de Fribourg et le Studenten-Sinfonie Orchester de Marburg l’ont relevé avec succès hier, sous la direction du chef allemand Ulrich Metzger. Le public est venu nombreux à l’église Saint-Michel, à Fribourg, pour assister à ce concert.
C’est dans une nuance piano maîtrisée, épatante pour un effectif aussi imposant, que le chœur fait sa première entrée. Au fil des pages, l’auditeur relève la grande clarté de l’ensemble vocal, ainsi que ses phrasés à la respiration profonde. Et si les aigus des sopranos sont un peu secs parfois, ces choristes savent aussi faire montre de brillant. La preuve au début du deuxième numéro de la pièce, où les registres féminins répondent, lumineux, aux pupitres masculins. Ceux-ci s’avèrent veloutés et bien fusionnés. Le chœur libère aussi toute son énergie dans des fortissimos poignants qui impressionnent sans agresser. Mais c’est bien l’esprit d’apaisement, restitué jusqu’au bout par un ensemble vocal souple et expressif, qui a le dernier mot.
Le duo de solistes est tout en contrastes. Soignant le texte, le baryton Nikolay Borchev se révèle puissant, et sa voix a quelque chose de sombre qui flatte l’oreille. Le timbre de la soprano Marie-Pierre Roy a quant à lui l’éclat du cristal. La cantatrice opte pour une juste intimité dans l’intervention qu’elle signe au cinquième numéro.
Le Studenten-Sinfonie Orchester de Marburg a été l’accompagnateur fidèle et discret du chœur dans le Requiem allemand. En lever de rideau, son chef d’orchestre en tire le meilleur dans une interprétation de la Marche funèbre tirée de la troisième symphonie de Beethoven. Ulrich Metzger offre une exécution plutôt lente, où les crescendos sont restitués dans toute leur ampleur: une approche propice à l’instauration d’une ambiance de deuil. Cette ambiance est soulignée par les parties des bois, et plus particulièrement d’un hautbois solo lancinant, qui instillent un ineffable soupçon d’amertume. daniel fattore