La Belle-Croix retrouve son éclat

Romont  A l’entrée de la Vieille-Ville de Romont, La Belle-Croix a troqué le vert pastel pour une façade beige et des volets couleur bordeaux. Après deux ans et demi de travaux, le bâtiment historique a été entièrement rénové. Restaurer et mettre aux normes cette ancienne bâtisse vétuste et protégée n’a pas été une mince affaire. Estimé à 2,2 millions de francs, le coût des travaux de rénovation du bâtiment devrait finalement se situer entre 3,2 et 3,6 millions de francs. «Ce fut un parcours du combattant», confie Bernard Charrière, copropriétaire avec la société GFI.

La réouverture de l’hôtel-restaurant devrait intervenir dans le courant de cette année. «Je suis à la recherche d’un exploitant ou d’un bon chef de cuisine, étant donné que je suis détenteur du certificat pour l’exploitation de patente», indique le Fribourgeois, qui vit entre Charmey et Marrakech.

Pour cet amoureux des vieilles pierres, le projet de rénovation a été l’occasion de se pencher sur l’histoire du bâtiment. Construite au début des années 1860, La Belle-Croix voit le jour dans un contexte particulier. Située à l’angle du carrefour où, dit-on, «la plus belle et la plus grande croix catholique de la région était érigée», l’auberge profite du développement du réseau routier et de la construction de la gare de Romont, inaugurée en 1861. «A cette époque, la ville devient un carrefour important pour le commerce de chevaux», explique l’historien Florian Defferrard à qui Bernard Charrière a fait appel. Pour accueillir ses hôtes et leurs animaux, La Belle-Croix disposait autrefois d’une écurie. De vieux anneaux en fer, qui servaient à accrocher le bétail, sont toujours visibles sur l’une des façades.

Un coût important

Recensée en valeur B et mise sous protection en catégorie 2, La Belle-Croix constitue «un objet de bonne qualité, représentatif ou d’exécution soignée, dont les structures d’origine et les éléments essentiels sont préservés», indique Nicolas Chenut du Service des biens culturels (SBC). La demeure, dont la partie la plus ancienne a fait l’objet de transformations, a été agrandie dans les années 1950. A l’étage et dans les combles, les boiseries, les portes, les parquets et les anciennes poutres apparentes ont été préservés. Entre les deux étages, la structure porteuse en bois a également dû être conservée telle quelle et consolidée avec de nouvelles poutres plus solides. «Ces travaux de consolidation ainsi que la mise aux normes incendie du bâtiment ont représenté un coût important», précise Bernard Charrière.

Le bâtiment abrite aussi un poêle en faïence de 1791, issu de l’atelier de Bonaventure Bardy, et dont on raconte qu’il aurait appartenu à la reine Berthe. L’origine de cette légende locale remonterait en fait au siècle passé. «Une dame de la famille qui était propriétaire du bâtiment dans les années 1920 s’appelait Berthe», explique Bernard Charrière.

En écho aux musées

Le projet de rénovation bénéficie du soutien du fonds fribourgeois d’équipement touristique. «Les travaux ont été confiés en majorité à des entreprises de la Glâne et de la Gruyère», tient à préciser Bernard Charrière. Au rez-de-chaussée, une nouvelle cuisine pour le restaurant et un nouveau bar ont été aménagés. Tandis qu’une salle polyvalente a été créée dans l’ancienne boulangerie. A l’extérieur, la terrasse et ses platanes centenaires figurent aussi dans le périmètre de protection.

L’établissement, qui vise le standing quatre étoiles, dispose désormais de vingt chambres dont dix-huit doubles et deux simples. Deux d’entre elles ont été aménagées dans le Châtelet, une dépendance située à côté de La Belle-Croix. «Les clients pourront accéder à leurs chambres en activant un bouton sur leur smartphone via un lien internet», précise Bernard Charrière. A l’intérieur de la demeure, la décoration a été imaginée en écho aux musées de la région. Réalisé par l’artiste verrier Pascal Moret, un vitrail orne l’entrée du bâtiment. Dans les chambres, les tapisseries ont été choisies en s’inspirant des motifs exposés au Musée du papier peint de Mézières.